Echographie anténatale
L'importance des échographies anténatales...
Je ne suis jamais allé faire une échographie "légerement".
Je veux dire par là, je n'ai jamais considéré ces moments, comme des moments joyeux, zen, une rencontre avec le bébé que je porte.
J'envie presque toutes ces mamans qui le vivent ainsi... un instant de béatitude, de magie...
Presque, car finalement je préfère avoir les pieds sur terre.
Moi je suis l'angoissée de service!
J'y vais la peur au ventre.
Peur que de ne pas voir un coeur battre surtout, puisque hélas à plusieurs reprises cela est arrivé.
Si je n'avais pas connu de fausses-couche, sans doute aurais-je été plus zen, pensant que ça n'arrive qu'aux autres et que forcement mon bébé est à l'abris.
J'ai passé il y a 10 jours la fameuse écho morphologique ; celle du 5è mois.
Je ne redoutais pas de ne pas percevoir les battements cardiaques!
Bébé bouge tellement que j'étais certaine qu'il était plein de vie!
Par contre je redoutais une malformation cardiaque.
Pour mes ainés, on ne m'avait jamais parlé du fait que ma cardiopathie pouvait éventuellement être héréditaire, donc pour ça j'étais pas stréssée.
Je n'ai entendu parlé d'hérédité éventuelle que l'an dernier... peu avant mon opération.
J'avais fais faire une écho doppler à chacun de mes 4 enfants, chez ma cardiologue, et tous ont un coeur "ordinaire".
Bref, bébé a été mesuré dans tous les sens (approximativement 27 cm de la tête aux pieds, et environ 500g), scruté par 3 paires d'yeux (l'obstétricien, le papa et moi), et a priori il se porte très bien ; rien n'a été jugé anormal.
Par excès de prudence, une écho est prévue courant janvier avec le Professeur Bozio (qui me suivait déjà lorsque j'étais enfant!) à l'hôpital cardio Louis Pradel (69 Bron).
C'est un spécialiste, il pratique cet exercice délicat au quotidien et il sera sans doute plus fiable.
Une étude interessante a été menée à la maternité Saint-Vincent-De-Paul (niveau IIb) sur 20 ans!
De janvier 1984 à décembre 2003.
Plus d'1% des enfants naissent avecune cardiopathie congénitale.
La morbidité et la mortalité de ces enfants porteurs de cardiopathie congénitale sont importantes et la moitié d’entre eux vont être suivis et traités au cours de leur vie.
Trois quarts des cardiopathies graves surviennent au cours de grossesses considérées à priori comme « à bas risque »] et seul l’examen systématique du cœur fœtal peut permettre d’améliorer le dépistage et donc la prise en charge néonatale.
Le but de cette étude était de montrer l’importance du dépistage échographique anténatal dans une population non sélectionnée, possible par la réalisation d’un examen du cœur le plus précis possible au deuxième et au troisième trimestre.
Toutes les patientes ayant bénéficié d’une échographie obstétricale du deuxième ou troisième trimestre dans cette maternité ont été incluses. Durant la période d’étude, tous les nouveau-nés porteurs d’une cardiopathie dépistée jusqu’à 5 jours de vie ont été pris en compte, que la pathologie ait été diagnostiquée ou non en anténatal.
Pour chaque cardiopathie suspectée en anténatal, l’âge gestationnel de découverte a été noté et une échographie morphologique complète à la recherche d’autres malformations a été réalisée.
Le dépistage a été organisé en trois temps :
une échographie bio-morphologique de premier niveau a été réalisée par une sage-femme, un interne ou un obstétricien diplômés d’échographie ; en cas de suspicion,
un contrôle de second niveau a été effectué par un échographiste référent de l’équipe.
Enfin, une échographie de troisième niveau était demandée au cardio-pédiatre afin de confirmer ou de compléter le diagnostic. Trente minutes étaient consacrées pour l’étude bio-morphologique.
Comme pour les autres organes, l’étude du cœur a suivi une grille de dépistage bien précise :
axe du cœur, situs, coupe des quatre cavités (oreillette gauche avec valve de Vieussens, oreillette droite, deux cavités ventriculaires), deux systèmes de valves atrio-ventriculaires (ouverture et symétrie), intégrité du septum inter-ventriculaire et du septum primum, coupe passant par les gros vaisseaux (abouchement, croisement, taille, bifurcation de l’artère pulmonaire, crosse de l’aorte, canal artériel).
Les résultats :
De 1984 à 2003, 142 nouveau-nés porteurs d’une cardiopathie ont été recensés sur 28 690 naissances.
Trois faux positifs ont été identifiés : 2 suspicions de coarctation de l’aorte et une dilatation de l’oreillette droite. Il s’agissait de diagnostics évoqués par l’échographiste de premier niveau, confirmés par l’échographiste de deuxième niveau en anténatal puis infirmés à la naissance.
Quatre-vingt-cinq cardiopathies sur 142 ont été diagnostiquées en anténatal après confirmation par un échographiste de second niveau appartenant à l’équipe ou par un cardio-pédiatre.
La sensibilité de dépistage des échographistes de premier niveau atteint 60 %.
Parmi les fœtus ayant bénéficié d’un diagnostic anténatal, 25 (29 %) présentaient une anomalie associée : 14 étaient porteurs d’un syndrome polymalformatif, sept d’une anomalie chromosomique (cinq trisomies 18, une trisomie 21, une tétraploïdie) et huit d’une artère ombilicale unique. Pour chacun d’entre eux, c’est l’anomalie cardiaque qui a représenté le principal signe d’appel échographique.
Vingt grossesses ont été interrompues médicalement. Six morts in utero (MIU) sont survenues. Cinquante-neuf enfants (70 %) sont nés vivants : 12 sont décédés par la suite dont trois avaient été opérés.
Cinquante-sept cardiopathies (40 %) n’ont pas été diagnostiquées.
On remarque que 37 (65 %) étaient des cardiopathies mineures, dont 31 communications inter-ventriculaires (CIV). Malheureusement, 20 faux négatifs (35 %) correspondaient à des cardiopathies majeures : cinq transpositions des gros vaisseaux, trois hypoplasies du cœur gauche, deux canaux atrio-ventriculaires, deux tétralogies de Fallot et trois atrésies pulmonaires. Parmi ces cardiopathies majeures non diagnostiquées, deux enfants présentaient une trisomie 21. Cinq enfants porteurs d’une cardiopathie non diagnostiquée en anténatal sont décédés de leur pathologie après la naissance.
Le taux de dépistage est passé de 36 % dans les années 1984-1988 à 77 % dans les années 2000 toute cardiopathie confondue. De même, la sensibilité du dépistage des cardiopathies majeuresest passée de 46 % dans les années 1984-1988 à 90 % dans les années 2000.
L’échographie reste à l’heure actuelle le seul moyen de dépister une cardiopathie anténatale et constitue donc l’examen de référence.
Le hic de cette étude :
Les enfants ont été suivi jusqu'à 5 jours de vie...
Or certaines cardiopathies, parfois sévères et handicapantes ne se manifestent que longtemps après la naissance.
Le diagnostic a été réalisé après l’échographie du troisième trimestre dans 35 % des cas.
Cependant, le bénéfice apporté par la détection anténatale de ces cardiopathies est sujet à controverse. Pour certains , la diminution minime de la mortalité périnatale en cas de prise en charge à la naissance ne justifie pas le coût engendré par le dépistage. Pour d’autres, le dépistage anténatal des cardiopathies permettrait grâce à la prise en charge néonatale précoce d’améliorer le statut préopératoire de ces enfants et ainsi de diminuer la morbidité et mortalité postopératoire pour les enfants porteurs de cardiopathie complexe ou majeure.
Tout n'est donc une question de coût et de priorité.... hélas...